L'ex-maire de Tours ne s'était pas présenté mardi matin à l'ouverture de son procès. Le procureur confirme que l'élu s'est donné la mort.
Le procès de l'affaire des "mariages chinois" s'est ouvert mardi sur un dramatique coup de théâtre, l'ex-maire de Tours Jean Germain, poursuivi dans ce dossier, ayant laissé une lettre d'adieu dans laquelle il explique qu'injustice et déshonneur lui sont "insupportables". Le sénateur socialiste, âgé de 67 ans et considéré comme proche de François Hollande, a été retrouvé mort plus tard dans la matinée près de son domicile. En fin de journée le procureur de la république de Tours Jean-Luc Beck confirmait la mort par suicide : "Il s'est bien suicidé. Rien ne vient contrecarrer cette hypothèse. Il n'y a aucun doute", a-t-il dit à l'AFP, qui l'a joint par téléphone. "Il y a des lettres très claires, l'arme de chasse utilisée..." a-t-il cité comme éléments indiquant un geste suicidaire. Une autopsie est prévue mercredi matin.
Jean Germain devait comparaître pour "complicité de prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics", dans le cadre de l'organisation de simulacres de mariages pour touristes chinois qu'il célébrait à la mairie de Tours ceint de son écharpe tricolore entre 2007 et 2011.
"Il était très, très mal ce matin", a déclaré l'avocat, évoquant la figure de Roger Salengro, le ministre de l'Intérieur du Front populaire qui s'était suicidé en 1936 à la suite d'une campagne de calomnies l'accusant de désertion pendant la Première Guerre mondiale. La présidente du tribunal a annoncé en fin de matinée le renvoi du procès "en raison de circonstances insurmontables".
"J'espère qu'on va le retrouver vivant"
"Je sais le mal que je vais faire, la peine que je vais diffuser à ceux qui m'aiment mais on ne peut laisser la chasse systématique aux politiques se dérouler normalement, quotidiennement", écrit Jean Germain dans sa lettre d'adieu. "Il est des êtres, j'en suis sûr, pour lesquels l'injustice et le déshonneur sont insupportables", ajoute l'ancien maire. "Soyez sûrs que je n'ai pas détourné un centime, que je ne me suis pas enrichi que j'ai toujours oeuvré pour ce que je pensais être le bonheur des Tourangeaux", assure-t-il. Dans ce courrier, Jean Germain disait s'attendre à ce que le ministère public requière à son encontre "pour des raisons plutôt politiques". "C'est insupportable", ajoutait-il, avant de poursuivre : "Autant je peux reconnaître des erreurs, des manques de discernement, autant il m'est impossible d'accepter sans broncher cette forfaiture."